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L'ONU reste présente en Afghanistan, sans reconnaître formellement les talibans
L'ONU reste présente en Afghanistan, sans reconnaître formellement les talibans

L'ONU reste présente en Afghanistan, sans reconnaître formellement les talibans

Le Conseil de sécurité des Nations unies a prolongé d'un an jeudi la mission politique de l'ONU en Afghanistan qui est dotée d'un nouveau mandat et constitue une présence internationale formelle dans le pays gouverné par les talibans.

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Ce texte n'équivaut pas à une reconnaissance officielle du nouveau pouvoir du mouvement islamiste radical.

La résolution, qui ne mentionne pas le mot "talibans", détaille le nouveau mandat de la mission politique de l'ONU en Afghanistan (Manua) pour un an. Elle a été approuvée par 14 voix pour, dont celle de la Chine, seule la Russie s'abstenant.

"Ce nouveau mandat de la Manua est crucial non seulement pour répondre à la crise humanitaire et économique immédiate, mais aussi pour atteindre notre objectif primordial de paix et de stabilité en Afghanistan", a déclaré à l'AFP après le vote l'ambassadrice norvégienne à l'ONU, Mona Juul, dont le pays a rédigé la résolution.

Le texte, qui n'équivaut pas à admettre une représentation diplomatique du nouveau pouvoir taliban à l'ONU avec acceptation de ses ambassadeurs, remet à plat les relations de l'ONU avec l'Afghanistan afin de tenir compte de la prise de pouvoir en août des fondamentalistes.

La Manua devra s'assurer d'être "les yeux et les oreilles de la communauté internationale en Afghanistan" au cours de la prochaine année, a réagi l'organisation Human Rights Watch.

Les négociations de la résolution ont été difficiles, notamment avec la Russie, très isolée et qui n'a pas été jusqu'à utiliser son veto jeudi. Mercredi, Moscou avait ainsi été seul à bloquer le texte, en discussion depuis des semaines, au motif que "le consentement des autorités de fait", à savoir les talibans, était manquant.

Pour une mission de l'ONU, "le consentement des autorités est un impératif" et le mandat risque de ne pas pouvoir être réalisé, a souligné jeudi devant le Conseil de sécurité l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, pour expliquer l'abstention de son pays lors du vote.

Pour un diplomate occidental, la Russie a "juste fait de l'obstruction" lors des négociations, sans pouvoir dire s'il y avait un lien avec la guerre menée par Moscou en Ukraine.

"La fragmentation existait avant, elle a été ravivée davantage par la guerre en Ukraine" et est présente dans tous les dossiers onusiens, tranche pour sa part auprès de l'AFP un ambassadeur d'un pays membre du Conseil de sécurité, réclamant l'anonymat.

- Femmes et enfants -

"Quand un dit oui, l'autre dit non", ajoute-t-il, en visant l'Occident et la Russie. "La déchirure est telle que tout consensus (entre les 15 membres du Conseil) est difficile à avoir".

La résolution de la Norvège prolonge la Manua pour un an, jusqu'au 17 mars 2023.

Elle débute par un volet sur l'aide humanitaire à apporter à la population afghane sur fond de situation économique et sociale dramatique et d'environnement sécuritaire qui semble se stabiliser.

La Manua devra "coordonner et faciliter, conformément au droit international, y compris le droit international humanitaire, et conformément aux principes humanitaires, la fourniture d'une aide humanitaire et de ressources financières pour soutenir les activités humanitaires", indique le texte.

La résolution se poursuit avec un volet politique. L'ONU devra "fournir des services de sensibilisation et de bons offices, notamment pour faciliter le dialogue entre tous les acteurs et parties prenantes politiques afghans concernés", "en mettant l'accent sur la promotion d'une gouvernance inclusive, représentative" qui sera "sans aucune discrimination sur la base du sexe, de la religion ou de l'origine ethnique".

Le texte insiste sur une "participation pleine, égale et significative des femmes", alors que ces dernières sont jusqu'à présent exclues de la gouvernance assurée par les talibans.

La défense des droits humains est développée par la suite afin de garantir que toute exaction soit recensée de manière indépendante par l'ONU.

Les femmes et les filles sont à nouveau mentionnées pour tenter d'assurer "la pleine protection de leurs droits humains", notamment celui à l'éducation, qui leur est refusé jusqu'à présent par les talibans.

Les enfants et les journalistes sont aussi cités afin qu'une attention particulière leur soit accordée dans le mandat de la Manua.

L.E.Campos--PC